Réflexions...
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Ce matin, comme tous les autres, je sors affronter les regards. Je pars, déjà préparé à me confronter à la dureté de cette triste réalité. Habitué à déclencher au mieux la pitié, si ce n’est le rejet, je ne me fais guère d’illusions sur la journée qui vient de commencer. Je déambule dans les rues, la désillusion nichée en mon cœur. J’aurais dû m’y faire depuis le temps, trouver cela ordinaire, pourtant rien n’y fait, je n’arrive pas à m’y habituer.
J’ai beau me dire qu’un jour les mentalités parviendront à changer, je sais bien que c’est faux, et que je m’accroche à cette idée pour ne pas sombrer, pour me rassurer. Cela fait longtemps maintenant, que j’ère dans ces rues, et arpente les places telle une ombre perdue. Tendant la main sans grand espoir, je suis pourtant bien forcé de continuer à y croire. Car si je cesse d’avoir foi, que me reste-il ?
Dans ce pays qui n’est pas le mien, ma famille et moi tentons en vain d’améliorer notre quotidien. Je me rappelle encore quelques fois avec amertume, les projets ambitieux qui nous habitaient, les rêves incroyables auxquels on avait succombé. En recherche d’une vie meilleure, persuadés que l’on aurait enfin accès au bonheur. Accrochés à cette idée séduisante, mes parents n’avaient trouvé d’autre solution, que d’abandonner leur propre maison.
Et pour quel résultat ? Finalement ici ou là-bas notre vie n’évoluera pas. Je souris devant les valeurs que prônent certains, convaincu qu’ils ne s’en soucient au fond pas plus que ce misérable chien qui m’accompagne chaque matin. Piégés au sein d’un système qu’ils ne contrôlent pas, ils ne se préoccupent même plus de savoir ce qui ne va pas. Dans leur vie bien rangée, ils ne supporteraient pas de voir éclater la triste vérité.
Certains m’accusent de vouloir me faire plaindre, de n’avoir en tête qu’un moyen de les tromper, que la volonté de les abuser. Mais ils se trompent, je cherche seulement la voie pour émerger, pour finalement donner naissance au plus humble des projets : celui de pouvoir réellement exister. Je ne veux pas de leur pitié, je veux simplement qu’ils voient au-delà de nos nationalités. Est-ce trop demander ? Est-ce trop espérer ? ©