Balade en vélo.

Ce jour-là je n’en pouvais plus, l’esprit saturé, les émotions entremêlées, je commençais à perdre pied dans ma propre réalité. La journée m’avait achevée, les mauvaises nouvelles s’ajoutant aux mauvaises rencontres, mon cerveau dépassé ne pouvait plus rien supporter. Alors, une fois rentrée je jetais mes affaires en vrac, attrapais mes cliques et mes claques, et je partis comme une furie, sur mon vélo légèrement cabossé.

Je m’élançais sauvagement, ne me souciant guère des risques que j’encourais en tombant. Mes cheveux volaient au vent, l’air me giflait le visage de sa brise agressive. Je sentais peu à peu mes tracas me quitter, et laissaient mes yeux suivre l’horizon déserté. Les roues accéléraient sur l’asphalte argenté, et je savourais le sentiment de liberté que j’éprouvais désormais. La vitesse m’apportait le soulagement que je recherchais, et j’étais soulagée d’éprouver enfin autre chose que de la contrariété.

A présent les problèmes me semblaient bien loin, et je profitais du havre de paix que m’offrait ce tricycle à moitié rouillé. Le grincement régulier me réconfortait, et me rappelait étrangement mon enfance et sa douce insouciance. Mon regard balayait l’espace qui m’entourait, et mon esprit se projetait aussi loin qu’il le pouvait. L’heure avançait, le soleil se couchait, mais alors même que la lune apparût, je continuais de pédaler, roulant en direction de l’astre argenté, l’esprit léger et mes soucis pour un instant oubliés. ©